SAGAN


Un certain sourire...

ADIEU A FRANCOISE SAGAN


"Le charmant monstre" (le mot est de François Mauriac) s'en est allé. Sagan nous a quitté le 24 septembre dernier, à l'âge de 69 ans. La France connaissait ses scandales et ses mondanités, moins ses romans. Sagan l'écrivain semble plus reconnue hors de nos frontières...


 

En 1955, un an après sa sortie en France, la traduction anglaise de 'Bonjour Tristesse' atteint la première place de la liste des best-sellers du 'New York Times'. Françoise Sagan a 19 ans, et c'est à l'époque, le plus jeune auteur a avoir atteint cette place. Avant l'année 1958, le livre va se vendre à plus d'un million d'exemplaires aux Etats-Unis (contre 810.000 en France à la même date) et a été traduit en 20 langues. 50 ans plus tard, on aurait pu croire Sagan oubliée à l'étranger. Qui, même en France, connaît plus de deux ou trois titres de ses romans ?


Aux Etats-Unis, en Angleterre, et même en Asie, Sagan, personnage emblématique, intellectuelle française-type, c'est à dire un rien décadente, n'a pourtant rien perdu de sa notoriété. L'oeuvre de Françoise Sagan est étudiée dans les universités américaines et ses livres se vendent toujours dans le monde entier. Sans parler des innombrables articles parus au moment de son décés. La revue de presse est impressionnante : du 'New York Times', qui lui consacre deux pages, au 'Miami Herald' en passant par 'Japan Today', de la 'BBC' à l' 'Hindustan Times'...

Tous reconnaissent les grandes qualités littéraires de celle qu'un journal australien qualifie de "one of France's most famous Bohemian writers". Ann Corbett, dans le 'Guardian', estime que Sagan, au-delà de ses élucubrations, était "d'abord et avant tout, un écrivain sérieux". Elle voit ainsi 'La Chamade' qui date de 1965, comme une "réinterprétation de Fitzgerald à la lumière de l'existentialisme".
On est à mille lieux du journal 'Le Parisien' qui s'étend longuement sur la vie tumultueuse de l'écrivain, qu'il qualifie de "Bardot de la littérature". Une saga de la gloire, de l'argent et de la décadence qui a toujours fait couler plus d'encre ici que les livres de la romancière.

Sagan écrivain a-t-elle été vampirisée par Sagan la mondaine ? Il faut remarquer que malgré la reconnaissance populaire dont elle a bénéficié, celle-ci n'a jamais obtenu un de nos fameux prix littéraires. Nul n'est prophète en son pays... Sagan a beau être l'auteur de plus de 40 livres et pièces de théâtre, elle restera, sans doute, dans l'histoire de la littérature, comme l'auteur juvénile de 'Bonjour Tristesse'...


Anne-Claire Jucobin pour Evene.fr - Octobre 2004



SAGAN  - LE FILM DE DIANE KURYS



En 1958, Françoise Sagan n'a pas 30 ans. Ses premiers romans l'ont rendue riche et célèbre. Elle mène une vie légère et tapageuse, entourée de sa bande d'amis.  Le 8 août de cette année-là, au casino de Deauville, elle mise ses derniers jetons sur le 8 et rafle la somme de 8 millions de francs avec laquelle, quelques heures plus tard, elle achète la maison qu'elle a louée pour l'été près d'Honfleur. Sans l'avoir prémédité, elle devient propriétaire et jure que personne, jamais, ne viendra la déloger de cet endroit. Pourquoi quarante ans plus tard, n'est-elle plus que l'invitée des lieux ? Quels événements la jeune prodige de la littérature a-t-elle traversés pour se retrouver ruinée et loin de tous ceux avec qui elle a brûlé ses années ?



A travers ce film de Diane Kurys, on découvre la vie de Sagan faite de gloire et de déchéance, menée à grand train et à toute allure. on y découvre le Paris littéraire des années 60 représenté par toute la clique que fréquenta l’artiste généreuse et insouciante : Jacques Chazot, Bernard Franck, Guy Schoeller, René Julliard, Florence Malraux...
Femme d’excès, femme légère ou grave, Sagan apparaît ici dans toute sa fragilité, ses excès,  sa modernité...

un beau film sur le personnage Sagan, bien rythmé, avec de beaux comédiens. Sylvie Testud s'en tire très bien dans ce rôle plus d'imitation que de composition.
mais, en dehors du fait que Sagan, buvait, fumait, dansait... j'aurais aimé que soit plus abordé son rapport à la littérature, son rapport à la réflexion...
il faut que je continue à lire Sagan !


http://www.evene.fr/cinema/films/sagan-17684.php?video,3


Le charmant petit monstre
C’est ainsi que François Mauriac la qualifie, à la une du Figaro, lorsqu’elle reçoit le prix des critiques pour son premier roman. Phrase prophétique ? Car le charmant petit monstre va incarner la quintessence de la liberté, en s’affranchissant des codes, en ne s’imposant aucune limite, au détriment de ses proches et de ses amis. Certains lui reprocheront cet excès de liberté qui fait son charme mais qui est aussi perçu comme de l’égoïsme. Lorsqu’elle apprend que Jacques Chazot, interprété par Pierre Palmade, est soigné par un ami et non par elle, elle lui en fait le reproche. Mais ce dernier lui fait remarquer, délicatement, qu’elle n’est pas aussi présente qu’elle le prétend… Une scène émouvante qui en dit long sur la perception qu’elle a d’elle-même. Et c’est tout le paradoxe de Sagan, une femme entière, qui s’abandonne totalement pour abandonner aussitôt.
La drogue, l’alcool achèvent de la rendre plus "libre", plus insaisissable. Diane Kurys ne fait pas l’impasse sur cette longue période noire mais ne l’édulcore en aucun cas. Car Françoise Sagan ne s’en cache pas et la presse non plus : la brigade des stups à son domicile, les fêtes à Honfleur où la drogue dispute la première place au champagne. Elle fait fi de ce que l’on peut penser d’elle, elle fait perdurer le mythe et même affaiblie, mourante, elle a toujours du ressort et l’esprit vif.


SAGAN - SES LIVRES

UN CERTAIN REGARD
"j'ai porté ma légende comme une voilette... ce masque délicieux, un peu primaire, correspondait chez moi à des goûts évifents : la vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui se perd, et donc permet de se trouver. Car on ne m'ôtera jamais de l'idée que c'est uniquement en se colletant avec les extrêmes de soi-même, avec ses contradictions, ses goûts, ses dégoûts, ses fureurs, que l'on peut comprendre un tout petit peu, oh, je dis bien un tout petit peu, ce que c'est que la vie.
en tous cas, la mienne..."

j'ai refusé quand j'étais jeune de lire Sagan. je refusais l'idée que l'argent que j'allais dépenser en achetant ses livres irait dans la drogue... bonne vieille éducation judéo-chrétienne !

aujourd'hui, j'aime à découvrir l'écriture de Sagan. la manière dont elle envisage l’existence est pleine de sagesse.  Et de ces Mémoires de jeune fille dérangée émane une philosophie faite d’une lucidité gaie devant l’absurdité de l’existence : placer la gentillesse et la bonté d’âme au-dessus de tout. Se colleter avec les extrêmes de soi-même, ses contradictions, ses goûts et dégoûts. Ne pas juger, toujours comprendre.
On y découvre ses goût, ses douleurs...

« Un certain regard », c'est vraie-fausse autobiographie de Françoise Sagan, rassemblant le meilleur de ses entretiens.

j'aime aussi ce livre pour le livre : petit livre noir avec ses pages écrues écrites en bleu.

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